Richard Orlinski – Sublimer la réalité
Richard Orlinski sculpte pour sublimer la réalité et créer des oeuvres d’art, belles et intemporelles.
Avec ses panthères, ses loups, ses crocodiles et ses gorilles, l’artiste français fait exploser sa cote ! Dans son atelier parisien, il nous reçoit entre deux avions. Revenu de Los Angeles, il s’envole demain pour l’Inde où il expose. Richard Orlinski est un artiste français, né en 1966 à Paris, et sculpteur à temps plein depuis 2004.
Ses œuvres, conçues autour du concept « Born Wild » dans un style et des matériaux contemporains, s’adressent à un public large (y compris les enfants) et s’exposent aussi bien à la Fiac, au Fouquet’s à Paris que sur les pentes de Courchevel, Megève ainsi que dans plus de 90 galeries dans le monde… Comptant parmi les artistes contemporains les plus vendus dans l’hexagone et au-delà des frontières, Meryl Streep, Sharon Stone, David Guetta, Rihanna, Eva Longoria, Andy Garcia ou encore Harrison Ford s’arrachent ses créatures. Pourquoi un tel engouement ? Parce qu’elles agissent sur nos archaïsmes, tout simplement.
Son parcours
C’est en voyant « Le livre de la jungle », un dessin animé du studio Disney, qu’il s’est découvert sur les bancs de la maternelle, deux passions définitives : l’une pour les animaux exotiques, et aussi pour la sculpture. Emerveillée par les éléphants, panthères et hippopotames en terre glaise du jeune prodige, son institutrice prévient la télévision qui leur consacre une séquence.
Il commence à 15 ans une collection de lithographies : Andy Warhol, James Rosenquist, Tom Wesselmann, Keith Haring… Au lieu d’offrir des colifichets à sa première petite amie, il lui achète une gravure de Picasso. Bac en poche, il travaillera ainsi dans l’architecture d’intérieur, le théâtre, la musique et la publicité, plus ou moins en dilettante, tout en s’adonnant à la sculpture avec une ardeur toujours accrue.
Richard Orlinski se classe au Top 5 des artistes français les plus cotés.
site www.richardorlinski.fr
Interview
Sculpteur, est-ce le bon mot pour vous définir ?
Pas seulement ! Je suis un artiste plasticien et atypique dans le sens où je m’intéresse à toutes les formes d’art en m’inspirant de la vie de tous les jours pour réaliser mes œuvres.
Etre classé au Top 10 des artistes français les plus vendus dans le monde par Art Price est-il une fierté ?
L’important dans la vie est de réaliser ses rêves et de s’en donner les moyens. Avoir un classement permet une certaine reconnaissance au niveau national et international et donne la possibilité de pouvoir faire des choses ! Mon souhait réside surtout dans la notion de partage. Je fais beaucoup d’expositions à ciel ouvert où les gens viennent voir mes œuvres gratuitement. Je vais aussi dans les écoles. La notoriété m’est nécessaire pour partager ma vision de l’art et mes émotions avec le plus grand nombre, et non pas pour flatter mon ego.
« Born Wild » est le concept qui vous caractérise avec des œuvres réputées : Crocodile, Panthère, Wild Kong… Est-ce l’expression de votre art ou juste une partie de ce que vous souhaitez exprimez ?
Juste une partie ! Un concept créé à l’origine pour délivrer un message destiné à laisser une empreinte sur cette terre. Démontrer que la violence animale, sauvage, est utilisée à bon escient. Contrairement à celle de l’homme souvent inutile de par les faits de guerres ou de meurtres. Ne pourrait-on pas positiver la violence, la canaliser à des fins utiles ?
Pensez-vous que dans toute œuvre il y a un message à délivrer ?
Dans toutes mes œuvres, oui ! Je cherche à provoquer une émotion à partir d’une lecture facile et accessible à tous. Lorsqu’un bébé de 2 ans caresse les joues de ma sculpture ou qu’une personnalité est touchée par ma Panthère, c’est important pour moi.
Pourquoi le crocodile ?
Antérieur aux dinosaures, le crocodile est le seul animal qui a été témoin de toute l’humanité. Je lui ai donné des proportions qui n’existent pas dans la nature. A savoir, la queue, la tête et le corps ont la même dimension.
Et la panthère ?
Elle exprime la puissance farouche. Inspirée du cubisme et de l’Art déco, taillée à facettes comme un diamant avec une tête près de quatre fois plus grosse que dans la réalité ! Dominique Desseigne, président du groupe Barrière, l’a exposée au Majestic Hôtel durant le Festival de Cannes. Sharon Stone s’est enthousiasmée ainsi que le public, une récompense. Je souhaite que tous les gens puissent avoir accès à mon art. Je fais des pièces à 750 euros. En revanche, certaines commandes nécessitent beaucoup de travail dans divers ateliers et elles en valent plusieurs centaines de milliers. Mes sculptures interpellent tous les publics, sûrement parce qu’elles sont toujours en mouvement.
Vos œuvres mettent aussi en scène des objets de mode tels que le jeans, le perfecto, le stiletto ! Ce sont vos fantasmes qui ressortent ?
Nos fantasmes à tous. Je m’intéresse aux icônes témoins de notre époque et je leur donne un sens. La sensualité du jeans se matérialise en avançant tout seul. Je rends le vêtement vivant.
Vous utilisez des matériaux comme la résine, l’aluminium, mais également le marbre, la pierre, le bronze…
Et le bois pétrifié, l’onyx rouge, le cristal de roche, l’albâtre. J’adore jouer avec toutes les matières et les couleurs. Je vais régulièrement dans des carrières pour découvrir de nouveaux matériaux. Mais je ne travaille pas seul ! Je ne suis ni soudeur, ni polisseur, ni fondeur. J’ai une équipe importante d’artisans qui collaborent avec moi dans toute la France. Je choisis la technique selon mon inspiration et la complexité de la pièce. Et j’utilise les technologies de mon temps comme celles de l’automobile et de l’aéronautique.
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Vous êtes partout ! Sur l’émission « The Voice » (le casque géant, c’est lui !), à Courchevel exposant un loup et un ours sur les pistes enneigées. Et cette guitare conçue Born Wild offerte à Paul McCartney. Quelle complexité dans l’expression de votre talent ?
Complexe ? Je ne pense pas. Je suis un enfant à la recherche de ce qui est nouveau dans une quête de perfection, d’esthétisme, de sensualité, de beauté.
Lors d’une vente aux enchères, l’une de vos œuvres a été adjugée 680 000 euros. Avez-vous fait mieux depuis ?
C’était une panthère or et diamants acquise par un client privé. Mais mon but n’est pas la spéculation.
David Guetta vous a commandé une chaussure de plus de 3 mètres, à quelle occasion ?
C’était il y a deux ans pour son show au Pacha d’Ibiza. J’ai réalisé beaucoup de sculptures pour Cathy et David, notamment pour leur nouvelle maison à Ibiza.
Le Pop Art vous inspire. Grâce à Andy Warhol, un maître ?
Incontestablement. Un précurseur doté d’une vision extrêmement intéressante de l’art car d’une grande ouverture, j’aime cette idée de touche à tout. Se frotter au cinéma, à la musique, à la photo, à l’art culinaire (il n’a pas hésité à travailler avec Jean-Paul Hévin pour présenter au salon du chocolat un « Kong à croquer » de 4 mètres de hauteur). Warhol était le représentant de cet art là, et je suis de cette école. Pour cette raison, j’ai de nombreux détracteurs, mais encore plus d’admirateurs ! N’étant pas passé par le sérail et l’establishment, je subis beaucoup de critiques de l’élite culturelle. Je revendique sans honte d’être populaire.
Vous êtes très impliqué dans l’associatif, cela vous tient à cœur ?
Beaucoup. Je suis vice-président des Rois du Monde, une association qui essaie d’apporter du bonheur aux enfants défavorisés. Chaque année, des galas sont réalisés au profit de cette association (www.roisdumonde.org). Je m’investis pour diverses causes comme l’Unicef, et d’autres qui défendent les enfants maltraités, j’organise pour eux des ateliers. C’est très personnel et enrichissant. Je suis le père de 4 enfants, sensible aux chocs émotionnels.
1. Howling Wolf.
En échappant au contrôle des hommes, le loup a entraîné leur peur irrationnelle. Archétype de l’animal sauvage épris de liberté, il hurle à la lune. Le sculpteur témoigne de l’ambivalence du mythe : le loup est-il en position d’attaque ou de défense ?
2. Wild Kong.
Gueule ouverte sur des crocs menaçants, le gorille s’autoproclame invincible en martelant son torse de ses poings. Réinterprétant le personnage cinématographique de King Kong, Richard Orlinski nous interroge sur les peurs archaïques qui concernent notre animalité. Où se situe la barbarie, du côté de l’animal amoureux ou de la civilisation moderne qui l’assassine au sommet de son gratte-ciel phallique ?
3. Horse.
Poursuivant sa quête sur la violence de nos instincts, il sculpte un cheval cabré dont la nature sauvage est maîtrisée.
4. Panthère.
Cette icône symbole de mystère et de sensualité exprime la rapidité et la férocité qui l’inscrivent dans le concept Born Wild.
5. Crocodile.
L’homme et le crocodile ont en commun le cerveau reptilien régi par des réflexes innés, siège de nos pulsions de violence. En 2006, pour sa première série en résine finition poli miroir, Orlinski adopte un rouge spécifique. Suivront des finitions précieuses : peinture à la feuille d’or.
6. Perfecto.
Symbole d’aventures et des dangers bravés par les bikers, le « Perfecto » a traversé des générations. Richard Orlinski s’empare de ce blouson iconique. Il crée une matière qui reproduit la matité du cuir et sculpte chaque pli pour rendre la pièce vivante.
7. Jeans.
Pantalon mythique métamorphosé en esthétique sculpturale monumentale. Animé de plis, de symboles, de fantasmes, ce pantalon déboutonné s’ouvre sur le vide, sur l’absence de corps.
8. Casque.
Au walkman du XXe siècle, a succédé le casque du XXIe siècle. Plus gros, plus technique, plus esthétique. En combinant rondeurs et facettes, Richard Orlinski interprète en aluminium les caractéristiques de ce prodige technologique devenu accessoire de mode.
9. Stiletto.
Talon aiguisé, allusion au «stilet», petit poignard redoutable qui produit des blessures profondes, Cathy Guetta offre sa silhouette à cette sculpture vivante, escarpin solitaire, syndrome de Cendrillon, quête de la femme parfaite.
Propos recueillis par Monique Delanoue